Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Entre Rambouillet et Versailles
3 janvier 2008

Généalogie Bouchez , Villiers-Saint-Frédéric

mousseaux

Version remaniée d’un article paru dans Stemma, revue du cercle d’études généalogiques et héraldiques de l’Ile-de-France, cahier n°4, 4e trimestre 1979, tome 1, fascicule 4.

Un OUVRIER AGRICOLE aux  Mousseaux  (Jouars)

La première trace que nous ayons des BOUCHEZ est la naissance à Jouars le 20 mars 1672 de Pierre "BOUCHER", avec un R, (1), fils de Nicolas et de Jeanne MAIENNE ou Jeanne MAIGNANT habitant les Mousseaux, hameau de l'actuelle commune de Jouars-Pontchartrain.

Peut-on remonter plus haut ? La présence dans chaque village des environs d'au moins une famille BOUCHER complique les recherches. Le fait que la marraine de notre Pierre soit une Jeanne BOUCHER de Bazainville constitue peut-être une piste. Mais il arrive un moment où l’on se lasse de la généalogie pure et dure.

Ce Pierre, que nous numérotons "Pierre I", travaille comme manouvrier : pour les grands travaux il se loue comme travailleur. Il possède également de petits lopins de terre. Le 22 mars 1696 il fait une déclaration au seigneur pour «une maison size aux Mousseaux consistant en deux travées dans lesquels il y a cheminée couverte de chaulme, cour commune avec Jean LAMY, un petit jardin devant les dits lieux environ trois perches (124 m2) à côté de le rue» (2). Le même jour il fait une autre déclaration pour une autre maison aux Mousseaux couverte en chaume et un quartier de terre (dix ares), biens pour lesquels il paya la somme de sept deniers maille.

Lors de son mariage en 1696 avec Anne LAMY, un des témoins se nomme Charles BOUCHER : un parent ?

Pierre I meurt probablement en octobre 1699. Il n'avait que 29 ans mais à cette époque l'espérance de vie ne dépasse pas 24 ans (3).

mousseauxPlan des Mousseaux au début du XIXe s., extrait de la brochure "Jouars Pontchartrain dans la Révolution", par l'association "Jouars Pontchartrain et l'histoire", édité vers 1990 ?

Sa femme Anne Lamy se remarie avec un jardinier. Ils eurent deux filles, Marie-Anne et Catherine ALLAIN qui entre 1726 et 1731 habitent Versailles.

Pendant son premier mariage (avec Pierre Boucher), Anne Lamy avait eu trois enfants :

- l'aîné qui s'appelait Pierre comme son père et qui sera notre "Pierre II",

- Charles,

- une petite fille morte à quelques mois.

Dans la paroisse voisine de Neauphle-le-Vieux la moyenne était de 3,8 enfants par ménage.

Pierre Il fils de Pierre I se maria en 1725 avec une jeune fille de Sèvres où il s'installa. Nous constatons la mobilité des paysans, ce qui corrige nos clichés d'une population immobile et incrustée dans son village. Dix jours avant son mariage, il vendit pour cinquante livres à son frère la portion de biens lui revenant dans la succession de leur mère (4). Ceci montre sa volonté de rester à Sèvres ainsi que la faible fortune de la famille. Il y fut vigneron (propriétaire ?) et également blanchisseur pendant une année (5). Les liens avec les siens furent maintenus : en 1726 sa demi-soeur fut marraine de son fils, en 1734 il fut parrain de sa nièce.

INSTALLATION A VILLIERS ET petite ASCENSION SOCIALE

Rappelons-nous : Pierre Il avait un frère, Charles Boucher. Celui-ci ne partit pas à Sèvres mais resta sur place. Il épousa en 1728 Geneviève Leplat, de Neauphle-le-Vieux (1700-1772). Ils habitèrent au hameau de Villiers-cul-de-sac, actuellement commune de Villiers-Saint-Frédéric.

Dans les textes il est toujours cité comme vigneron et non comme manouvrier. Cette évolution se retrouve chez son oncle maternel Jean DUTHUILLE, manouvrier au début du XVIIlème siècle, il devient vigneron en 1731 et 1741 : signe d'une évolution vers une période plus prospère, ou imprécision des termes qui décrivent une situation intermédiaire entre ces deux états ? Charles versait dans la corbeille de mariage deux cent soixante quatorze livres en habits, meubles et linge, et sa future femme cent quatre-vingt-quinze livres plus un quartier de vigne (dix ares) (6). La communauté (biens possédés en commun) se montait à deux cent livres.

Bien que sa mère Anne Lamy soit citée dès 1725 comme décédée, le partage de ses biens n'eut lieu qu'en 1731. C'est probablement pour cette raison qu'en 1728 à son mariage, il n'avait apporté aucune terre. Le lot de Charles, dans le partage successoral, fut de trente quatre ares valant trente sept livres sur les soixante treize ares valant deux cent soixante douze livres (6). En 1780 à son décès, Charles laissa 126 ares, valant alors 2.250 livres (7) situés à Villiers, à Maurepas, aux Mousseaux, au Tremblay.

Charles et Geneviève eurent cinq enfants dont deux morts jeunes. Une fille prénommée Geneviève comme sa mère épousa en 1751 Jean Thenard journalier à Jouars. Une autre fille, Marie Anne, se maria en 1761 avec Jean Poupet de Neauphle-le-Château.

Le troisième enfant se nomme Jean-Baptiste Charles Boucher, parfois appelé Charles (1739-1821). Il est le premier BOUCHER à signer un acte. Dans les années 1768-1777, 68,8 % des hommes signaient leur acte de mariage mais seulement 46,4 % des femmes. Depuis 1762 il y avait un maître d'école sans discontinuer dans cette paroisse de Villiers.

Jean-Baptiste-Charles épouse Marie Catherine Fréville, de Davron. En plus de leurs enfants, ils prirent en nourrice un autre bébé.

En 1808, Jean-Baptiste Charles et sa femme font une donation entre vifs à leurs enfants (8). Alors que sa part d'héritage s'était élevée à quarante huit ares, Jean-Baptiste-Charles en laisse plus de deux cent quatre, situés à Villiers. Sa maison contient plusieurs dépendances : un toit à porcs, une étable et des vaches, une foulerie pour le vin, une batterie pour les céréales et un jardin. L'ensemble des terres vaut 4.000 F. Ils les laissaient à leurs héritiers moyennant usage de la maison, une pension viagère en argent et en nature (céréales, fagots, vin rouge).

Jean-Baptiste Charles et sa femme avaient eu quatre enfants, sans compter une fille et un garçon, morts jeunes.

- L'aîné, Jean-Baptiste, devint brigadier de gendarmerie à Septeuil, puis à Houdan et à Maulette (où son fils devint maire). Toutefois, il garda des terres à Villiers. Ses petits enfants, Paul-Albert BOUCHER, François et Justine DEVILLIERS ont-ils des descendants du côté de Maulette ?

- Il y avait deux soeurs. L'une épousa un cultivateur de Maurepas et recueillit ses parents (à elle) qui moururent très âgés à quelques jours de distance. Après la mort de son mari, elle revint à Villiers. L'autre soeur épousa un tisserand de Plaisir que l'on retrouve mercier, marchand bonnetier puis rentier.

- Le quatrième enfant, Louis-Nicolas Boucher, fait l’objet du paragraphe suivant.

AU XIXe SIECLE, DES RENSEIGNEMENTS moins secS

servicesSelon la mémoire familiale, Louis-Nicolas, le dernier enfant de Jean-Baptiste Charles, aurait obtenu la légion d'honneur en sauvant son capitaine de la noyade lors du passage de la Bérézina pendant la Retraite de Russie. Vérification faite (9), cela s'avère exact : la médaille existe et le régiment de notre ancêtre participa réellement à la bataille de la Bérézina.

cong_En 1816, on lui donna son congé définitif de l'armée «en raison de ses onze ans de service» (10). Il venait d'obtenir un brevet de maître de pointe.

Poitiers06_09_1815De 1821 à sa mort en 1829 il fut conseiller municipal (11). A cette époque les conseillers municipaux étaient nommés par l'Etat. On peut se demander pourquoi les autorités de la Restauration le choisirent. Etait-il plus instruit que les autres ?

En 1820, il avait vendu la maison de ses parents et s'était installé dans deux maisons accolées que sa femme Geneviève Poulain avait reçu en héritage. C'est là qu'il décéda.

Grace à l'inventaire après décès réalisé en 1829 par le notaire (12), nous pouvons entrevoir dans une chambre au rez-de-chaussée ayant vue sur une cour, un foyer, une table, un coffre, un buffet à deux vantaux, un dressoir et une armoire.

Ouvrons les portes de celle-ci : y sont rangées une trentaine de chemises pour homme et la même quantité pour femme, une veste de chasse, une paire de guêtres, un gilet de laine à raies rouges et vertes, 26 blouses bleues, trois bonnets «dits Pierrot», des mouchoirs et des vêtements en tissus divers, du fil et de la toile en grande quantité. Le buffet contient un pot à traire, deux faucilles. Le tableau serait incomplet si nous n'y ajoutions pas la vaisselle et le lit.

Promenons-nous dans la cour : le fournil renferme du matériel de vendanges, l'étable une vache, l'écurie : un vieux cheval. Il y a également une foulerie, une charretterie avec une charrue et sa herse, une grange remplie de céréales et un fléau, un grenier plein de foin et de luzerne, une porcherie avec un porc. N'oublions pas quatre cent litres de cidre et une baratte. En 1816, la maison était couverte en paille.

Nous connaissons la destination de 171 ares sur les 184 de la communauté : 49 sont plantés en vigne, 49 en avoine, 31 en orge, 26 en haricots et 16 en pommes de terre. Si nous y ajoutons la valeur des 25 ares des biens propres du mari et les 156 ares des biens propres de l'épouse, la fortune totale du ménage atteint 12.000 F. environ. En outre ils cultivent des terres appartenant au frère gendarme ou au beau-frère de Plaisir ou encore à des dames aisées, en particulier à la veuve d'un notaire. L'inventaire compte trois cent F de fermages à payer.

VSF1979

Les deux enfants de Louis-Nicolas Boucher et Geneviève moururent avant 36 ans.

Geneviève Constance avait épousé un cultivateur de Plaisir. Son frère Louis-Alexandre laissait une veuve (qui se remaria) et un fils Aristide-Louis BOUCHEZ (1845-1920).

Je conserve encore le testament moral d'Aristide, empreint de déisme, quelques photos de lui et des anecdotes rapportées par ma grand-mère, sa petite fille. Il fut conseiller municipal et maire de Villiers (13). Il démissionna de son mandat en 1898 à la suite de l'affaire Dreyfus (14).

dreyfusentierLa Compagnie des chemins de fer de l'Ouest lui avait acheté en 1866 une pièce de terre : l'annonce de futurs bouleversements économiques.

NOTES

1 - Arch. Comm. Jouars, registres paroissiaux

2 - Arch. Dép. Yvelines, 48 J 33 (chartrier de Pontchartrain), n° 1964 et 2070

3 - SEMPIERO-RAUL T (G.), Monographie sur Neauphle-le- Vieux et Villiers-Saint-Frédéric, mémoire de maîtrise, Paris XIII. Nous en tirons les éléments démographiques de cet article.

4 - ADY, Duchemin 110

5 - Registres paroissiaux de Sèvres

6 – ADY, Duchemin 412

7 - idem, Duch. 298

8 - idem, Duch. 269

9 - Dossier de Légion d'honneur aux Arch. Nat., histoire du 3e régiment de cuirassiers aux Arch. de l'armée à Vincennes

10 - Archives familiales

11 - ADY, 2 M 27-3 et 27-8

12 - idem, Duchemin 373

13 - idem, 2 M 29-160,2 M 23-2

14 - idem, 2 M 28-118 annexe de la Bibliothèque nationale à Versailles, «L'Indépendant de Rambouillet» du 19 août 1898

Publicité
Publicité
Commentaires
Entre Rambouillet et Versailles
Publicité
Publicité